Sur le fond, la COP marque la volonté des peuples à agir en faveur de la lutte contre les changements climatiques. Sur la forme, l'échec d'accords multilatéraux forts allant dans ce sens, fragilise un peu plus chaque année cet événement, surtout en termes de crédibilité. A cela s’ajoute des processus d’instrumentalisation à des fins d’abords unilatéralistes puis (mais pas toujours) à des fins de sensibilisation sur le climat. Ce n’est clairement pas suffisant.

Les Conferences of the parties dit COP sont les conférences des états signataires à la CCNUCC.

Avant d'aller plus loin, rappelons que la CCNUCC ou la Convention Cadre des Nations Unis sur les changements climatiques fait partie du trio conventionnel adopté au sommet de Rio en 1992. Ces conventions (CDB, CLD et CCNUCC) fonctionnent en synergie pour faciliter les activités sur les questions d’état d'intérêt mutuel.

La CCNUCC rentre en vigueur en 1994 avec pour but de prévenir les activités humaines "dangereuses" pour le système climatique, et va s'appuyer sur le protocole de Montréal de 1987. Ce dernier suit une ligne environnementale bien établie en obligeant les États membres à agir dans l'intérêt de la sécurité humaine, même en cas d'incertitude scientifique. Pour garantir la sécurité humaine, les états doivent agir sur le climat en stabilisant les concentrations de gaz à effet de serre "à un niveau qui empêche toute perturbation anthropique dangereuse (induite par l'homme) du système climatique". 

Pour atteindre son but, la CCNUCC reconnaît la responsabilité des pays développés à agir et financer les actions d'atténuation, tout en encourageants les pays en voie de développement à participer à ces efforts, en fonction de leurs moyens.

cop. cop. Et COP. Elles ne se valent pas (mais elles devraient )!

La Conférence of the Parties est donc cette réunion annuelle des parties prenantes mondiale sur les sujets environnementaux.

Les conventions du Sommet de Rio, prévoient trois (3) types de COP. La COP sur la biodiversité, la COP sur la lutte contre la désertification et la plus populaire, celle qui a fait rayonner les militants climatiques... LA COP POUR LE CLIMAT. La COP 28 à Dubaï s'inscrit dans la 3ème catégorie, pour les changements climatiques.

Le GIEC dans tout ça ?

Le groupe intergouvernemental sur l'évolution du climat dit GIEC à publier 6 rapports depuis 1990. Ces rapports alertent, les uns après les autres au point de non-retour du réchauffement climatique et implorent la prise d'actions concrètes pour atteindre l'objectif consistant à limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré Celsius. Ce sont ainsi des milliers de pages, fruit des travaux des milliers d'experts volontaires issues des pays membres du GIEC, qui sont publiés par l'ONU afin de vulgariser le monde et sensibiliser les différents acteurs à agir. Un travail titanesque d'analyse et de synthèse de la part de ses femmes et hommes de 195 pays différents, qui a fait valoir à l'organisation le Prix Nobel de la paix en 2007. Bravo !

Le dernier rapport du GIEC revient sur l'état actuel des choses : Les sociétés humaines, les écosystèmes et le climat sont interdépendants. Les risques liés aux changements climatiques impacteront tous les écosystèmes et nous devons nous y préparer. C’est-à-dire que nous devons nous adapter au pire ou atténuer ces risques au mieux.

Cependant les efforts actuels des parties prenantes sont insuffisants pour lutter contre le changement climatique prévient le GIEC. Le groupe rappelle que l'influence des êtres humains sur le réchauffement des océans, de l'atmosphère, des continents est sans équivoque. Celui-ci est dû principalement aux émissions de gaz à effet de serre. Pour voir la situation changer en notre faveur nous devons changer notre façon de vivre et de produire le monde. La COP est donc cette espace discussion qui nous permet d’émettre des propositions du monde auquel nous aspirons, et d’agir dans ce sens. Un monde plus respectueux de l’environnement et des peuples.

Petit rappel des pays ayant organisé la COP.

Pendant une dizaine de jours, les pays du monde se réunissent dans une ville pour discuter de la crise climatique. Chaque année, cette ville est appelée à changer par principe de rotation géographique entre les 5 groupes régionaux de l’ONU. Les villes souhaitant organiser la COP doivent déposer candidatures au sein du groupe. Celui-ci se met d'accord sur une candidature avant de la transmettre au secrétariat de l'ONU pour les changements climatiques (CCNUCC). Puis, le CCNUCC donne ou non son accord.

Cette année, la COP a 28 ans. Et au cours de ces 28 dernières années, 12 COP pour le climat ont été organisées en Europe, 6 en Asie, 5 en zone Amérique et 5 en Afrique.

Liste des villes hôtes.

Europe : Berlin '95- Genève' 96- Bonn 99, 2017,- La Haye 2000- Milan 2003- Copenhague 2009- Varsovie 2013- Paris 2015- Katowice 2017 - Madrid 2019- Glasgow 2021.

Asie : Kyoto '97- New Delhi 2002 - Bali 2007 - Ramsar 2008 - Doha 2012 - Dubaï 2023.

Amériques : Buenos Aires 98, 2024,- Montreal 2005 - Cancun 2009 - Lima 2014.

Afrique : Marrakech 2001, 2016- Nairobi 2006- Durban 2011- Charm El-Cheikh 2022.

Même si certaines conférences ont laissé des emprunts solides par leur esprit novateur, c'est le cas de Kyoto, ou Paris, la plupart des cops ont sombré dans l'oubli car n'ayant pas réussi à implémenter des accords concrets en faveur du climat.

De l'évènementiel à la diplomatie verte.

Soyons honnêtes avec nous-même. Au-delà des principes, des objectifs et du climat... La COP pour le climat c'est de l'événementiel visant à promouvoir l'image d'une diplomatie VERTE, gentille, et presque qu’altermondialiste.

Contrairement aux autres types d'événements internationaux, la COP a la particularité de rassembler tout en apaisant. Prônant un monde en harmonie, pour la cause du siècle, pour les peuples et pour la planète. Pourtant, si la COP pour le climat est aujourd'hui un des rares évènements onusiens qui parvient à rassembler des acteurs sociétaux, économiques et politiques sur une même plateforme, c'est également un des rares évènements où les discussions restent des discussions la plupart du temps. C’est-à-dire qu'à l'issue des 2 semaines de sensibilisation et de vulgarisation sur les questions climatiques, ces mêmes acteurs se séparent en désaccord sur des points clés. Des points clés qui nous permettraient de réellement agir en faveur des peuples et du dit climat. Constat maintes fois dénoncé par les acteurs politiques face à l’urgence climatique.

Citons donc ces acteurs !

Ce sont les états ! les pauvres, les riches... Ils sont non pollueurs, peu pollueurs, très pollueurs ou le furent. Qui doit quoi ? À qui ?

✅Ce sont les entreprises. Elles sont coupables mais pas trop. Elles sont pleines de bonne volonté mais il faut de la croissance. Et, elles en sont le moteur, donc elles continuent la course vers la production effrénée. C'est ainsi, c'est le système « capitalocène ».

✅Ce sont les acteurs de la société civile. Ce sont les organisations non gouvernementales, les militants. Les Greta, les Vanessa, les greenp... Ils alertent sauf que dans tout il faut un juste milieu car la réalité est souvent plus complexe.

Retenons juste que cette saga n'a pas prononcé son dernier mot !

Une plateforme de réseautage tripartite.

La COP c'est aussi du réseautage. La COP 28 ne sera pas une exception. Pour les investisseurs, institutionnels ou pas, c'est l'occasion rêvée de tisser des liens avec les représentations étatiques présentes et les start-up aux solutions innovantes. Sur le moyen et long terme, ça paie toujours, surtout au vu de la géopolitique mondiale.

Les états bien préparés y trouvent aussi leurs comptes. Oui, à part les investisseurs, il y a les start-up, mais aussi l'occasion de tisser des accords bilatéraux avec d'autres états sur des points spécifiques.

Ce réseautage est d'autant plus intéressant puisqu'il permet un accès direct aux autorités du pays. Pour le monde, Dubaï est la vitrine des Émirats arabes unis. Ce petit pays pétrolier du golfe, 7ème au rang mondial, produit également du gaz naturel souvent présenté comme alternatif au pétrole car moins polluant. La planète en sera donc reconnaissante, et les peuples aussi... Surtout ceux ne bénéficiant plus du gaz russe.

Même les représentations de la société civile peuvent y trouver leurs comptes : PAR-TE-NA-RIAT(s).

 

L'ère du Green-Marketing étatique.

Il y a des signes qui ne trompent pas. La COP c'est aussi une stratégie de vente, et le climat en est le produit. Cette dérive marchande est le fruit d’une instance supranationale, à la poignée de main molle.

Une stratégie qui s'assume de plus en plus sur les dernières années avec la sponsorisation de l'évènement par des multinationales. C'était le cas pour la COP de Paris, dont 20% du budget venait d'acteurs privés aux engagements environnementaux douteux. Depuis, les coûts de sponsorisation sont de plus en plus élevés. La raison ? L’organisation de la COP a un coût, et ses financements privés permettraient de l'amortir en partie. À Dubaï, on ne se voile pas la face sur ce sujet. Selon Ed Clowes (Sky News), le pays hôte propose des packages aux sponsors privés en fonction du montant donné. Le package le plus cher est à plus de 7 millions d'euros. Il offre des opportunités de réseautage avec les gouvernements, un affichage et la possibilité d'être speaker pour l'occasion.

Selon les autorités, le but est de proposer un événement de qualité pour le climat et non de corrompre l'image de la COP.

Ceci dit, la polémique a aussi un prix... Le Désintérêt.

En dehors des entreprises, les pays hôtes ont souvent profité d'un marketing à l'occasion des COP. En 2022, à Charm El-Cheikh, l’autoritarisme du régime actuel a laissé place à des discussions visionnaires sur le monde de demain : Un monde de paix, de fraternité et un monde Green.

 

À Dubaï, le green marketing étatique fera là aussi oublier pendant 2 semaines les méga projets de station de ski en plein désert.

La solidarité climatique pour remplacer la solidarité internationale ?

Face à l'échec des engagements, un nouveau slogan surgit : aider les états pauvres à faire face au changement climatique. C’est un moyen là encore de détourner l'attention loin du vrai problème : Comment nous pays riches, pollueurs allons respecter l'accord de Paris ?

Plutôt que de trouver une solution au problème posé ci-dessus, nous changeons le problème.

La réponse à la question ci-dessus n’existe pas pour l'instant. Du moins, elle existe mais ne figure pas parmi les points d’accord de la COP. Pourtant pour de nombreux scientifiques du GIEC, puisque le problème est systémique, la solution doit être d'envergure. C’est-à-dire que nous devons changer de paradigme. Créer un nouveau paradigme par la bienveillance et l'accompagnement.

À un jour de la COP de Dubaï, rappelons que les mêmes causes produisent les mêmes effets. Et encourageons tous les acteurs présents à cet événement, à prendre les meilleures décisions pour le bien de tous.