Le 22 et 23 Juin 2023 s'est tenu à Paris le Sommet pour un Nouveau Pacte Mondial financier ou Pacte de Paris. Ouvert par le président français Emmanuel Macron et sous l'impulsion de Mia Mottley, première ministre de la Barbade, le Sommet veut construire un nouveau consensus pour un système financier international plus solidaire.
Un système financier international qui serait plus réactif, plus juste, et plus solidaire et qui permettrai de lutter contre les inégalités, de financer la transition climatique, et de nous rapprocher des objectifs du développement durable.
Le Pacte de Paris pour les peuples, la planète et pour un nouveau système financier, fausse bonne idée ?
Fragile, le Pacte de Paris veut rendre le système financier plus résilient en unifiant les peuples.
À l'issue de ces deux jours de conférences, les participants ont adopté plusieurs engagements en faveur d'une solidarité internationale renforcée. Tout d'abord, le Pacte de Paris veut rééquilibrer les rapports financier Nord-Sud pour doter aux pays les plus vulnérables les moyens de lutter efficacement contre les catastrophes à venir résultant du changement climatique et des conflits. En effet pour les initiateurs de l'événement "Aucun pays ne devrait avoir à choisir entre la lutte contre la pauvreté et la préservation de la planète." C'est la raison pour laquelle les pays doivent s’approprier les stratégies en matière de transition.
De plus, pour empêcher la fragmentation de la communauté internationale, le mot d'ordre est l'union. La finance inclusive est l'incarnation de ce nouvel élan de solidarité planétaire.
Vers une gouvernance financière mondiale moins occidentale ?
L' accord de Paris veut transformer la gouvernance de l'architecture financière internationale afin de la rendre plus efficace, plus équitable et mieux adaptée au monde contemporain.
Les états riches se sont engagés à mettre en œuvre des partenariats pour une transition énergétique juste et des plateformes pays pour les forêts, la nature et le climat. Cependant, ces mêmes états attendent en retour une impulsion financière de la part des investisseurs et des entreprises privées. L'augmentation des flux des capitaux privés sont en effet crucial ici si l'on veut réellement transformer les économies émergentes ainsi que celles en voie de développement, tout ceci en réduisant les inégalités, et en parvenant à un monde avec zéro émissions nette.
Bien évidemment, l'investissement des acteurs privés n’efface pas l'engagement attendu du FMI qui a d'ores et déjà mis en œuvre des mesures d'allocations de droits de tirages spéciaux destinée aux pays les plus vulnérables. Ces droits sont d'une valeur de 100 milliards d'euros.
Des annonces pour une finance mondiale plus solidaire, voir plus humaine.
Ce sommet annonce également des travaux permettant aux banques multilatérales de développement d'augmenter leurs capacités de prêts à 200 milliards et d’accélérer les procédures de suspension de la dette en cas de nécessité. Ces mesures permettront aux pays surendettés de garder une marge de manœuvre dans les situations à risque, sans que celles-ci ne pénalisent trop les populations. À cela s'ajoute des discussions proposant la suspension de la dette en cas de catastrophes naturelles d'origine climatique. Ce point est une mesure très attendue en vue du contexte climatique actuel et des risques avenir liés.
Alors, ce pacte veut-il le bien de tous ?
En apparence ce sommet tend à répondre aux attentes des états dit du Nord et du Sud. Les uns ont besoins de retrouver la stabilité financière d’une économie fragilisée par la crise du covid. Une crise qui a endettée de nombreux états. Puis s'est ajouté la guerre russo-ukrainienne dont les conséquences sur les prix de l’énergie n'ont pas tardé à se faire ressentir.
Les autres, donc les états du sud, revendiquent plus d'autonomie en matière de Gouvernance financière ; Et plus d'investissement pour favoriser un développement à l’échelle continentale. C'est d'ailleurs durant ces deux jours que le Sénégal et la Côte d'Ivoire ont obtenus des investissements en faveur de l'éducation et de leurs économies respectives.
Enfin, toutes les parties se sont mis d'accord sur les risques climatiques à venir. C'est dans ce sens que la prise en compte d'un nouveau critère financier, celui-ci des catastrophes naturelles, a été le bienvenu.
Dans le fond, le nouveau pacte mondial financier n'apporte pas un réel changement structurel. Le risque est de voir les inégalités se creuser davantage entre les pays riches et les pauvres. Cette réalité a été rappelé par le président brésilien Lula Da Silva, qui déplore le protectionnisme économique des états du nord en citant les USA par exemple et l'absence d'impartialité des grandes intuitions politique et économique que sont l'ONU, la Banque Mondiale et le FMI. Un deux poids deux mesures qui tend à mettre de côté les inégalités systémiques présentes à l'échelle internationale au profit de la cause climatique uniquement.
"Si les inégalités de genre, de salaire, de race, sanitaires et éducatives, ne sont pas traitées de toute urgence, les préoccupations climatiques deviendront « une plaisanterie » par rapport à l'ampleur des problèmes auxquels le monde est confronté. "L. Da Silva
Pour le président sud-africain, Cyrille Ramaphosa, les promesses entendus lors de ce Sommet n'engagent que ceux qui les écoutes. En effet, c'est sans langue de bois que le sud-africain à émit son agacement, celui-ci, partagé par son homologue égyptien.